NEO – PORT DE PLAISANCE : LE CHOIX STRATEGIQUE.

Publié le par naziunali

NEO – PORT DE PLAISANCE : LE CHOIX STRATEGIQUE.

« La perversion de la cité commence par la fraude des mots »… Platon.

Le rassemblement intervenu le samedi 9 novembre sur le terre – plein du port à Portivechju a mis en exergue l’inquiétude populaire manifeste face au projet – hâté par la municipalité en place – du néo port de plaisance. Une inquiétude légitime qui s’appuie sur la présentation d’un projet structurant très important pour la commune et ses interrogations qu’il continue de susciter tant la question de son inadaptation se pose avec acuité.

Ce tourment – que la municipalité ne peut éluder– interpelle car s’il s’appuie sur l’inadéquation du projet. Il appelle tout autant à la réflexion sur l’impact réel en matière sociale et économique dès lors que les appréhensions exprimées ne soient pas suivies des réponses escomptées.

L’opposition exprimée ne remet donc pas en cause le principe même de la nécessité d’une extension du port de plaisance. Elle peut d’ailleurs faire sienne les propos suivants : « l’extension du port de plaisance et de pêche de Porto – Vecchio doit servir à développer la commune et non pas à la mettre en difficulté » (Dossier de concertation publique – Projet d’extension du port de plaisance de Porto Vecchio – Page 14). Sous cet angle U RIACQUISTU DI PORTIVECHJU s’est déjà exprimé en proposant un projet en cohérence avec la ville et ses réalités, qui pour cela s’appuie sur les avantages écologiques, les avantages économiques et sociaux, enfin les avantages sociétaux.

En effet, il serait bon pour cela de reprendre l’exacte mesure de cette énonciation formulée alors lors des municipales de mars 2008, elles demeurent d’actualité :

1 – Avantages écologiques :

Tout projet de cet envergure à un impact sur l’environnement, seulement notre proposition n’entraine qu’une modification mineure des conditions naturelles (courants, ouvrages, faune et flore) et revalorisera des sites portuaires.

2 – Avantages économiques et sociaux :

Les travaux seront moins longs et moins onéreux et permettront une mise à disposition du public plus rapide. Le financement aura diverses sources publiques :

  • Auto financement communal
  • Financement sur plan nautique (Création de liaisons port – centre urbains)
  • Financement FEDER (Normes Haute Qualité Environnementales)

La commune gardera la maitrise des emplois, des salaires et de l’attribution des concessions commerciales. Elle pourra imposer des tarifs différenciés pour les résidents à l’année.

3 – Avantages sociétaux :

Le projet que nous défendons sera un lieu de vie pour tous les habitants de la commune grâce à :

  • La création d’un village marin.
  • La mise en place de liens entre les structures existantes (le port doit être intégré à la ville).
  • Création d’activités de production – distribution pour la pêche locale.

De facto, U RIACQUISTU DI PORTIVECHJU intègre ses propositions dans un plan de développement durable qui s’appuie autant sur la prise en compte générale de l’environnement dans lequel se situe le port que dans une approche tout aussi régionale de l’activité économique à travers une complémentarité intelligente des différents secteurs. Car le danger existant – et persistant – pour Portivechju n’est ni plus ni moins que le risque avéré du choix accapareur de la mono activité touristique – ou tout – tourisme – qui comme l’écrit Jacques Orsoni dans son livre « Athéna pensive » : « Le tourisme et l’économie résidentielle sont surtout créateurs de travaux pauvres à bas niveaux de qualification ».

Un port de plaisance apparaît aux communes comme un moyen très important d’accroitre l’activité économique de leur région et de créer des emplois. Les estimations actuelles donnent la variante suivante : un port induit 1.5 emploi direct et 17 à 21 emplois indirects pour 100 postes d’amarrage. Mais comme le spécifie l’ouvrage « Les ports de plaisance – impact sur le littoral » (Ifremer) : « Les coûts de réalisation sont très variables, mais ils sont en général élevés car, dans la majorité des cas, les abris naturels sont déjà occupés. Les nouveaux sites exigent souvent des travaux d'infrastructure importants et les places ainsi crées sont chères(…). La rentabilité d'un port nouveau est, dans, assez délicate à assurer et, pour limiter les risques, la construction d'un port est associée à des programmes immobiliers. L'ampleur des travaux à réaliser, le nombre des projets suscitent des inquiétudes et des oppositions rendues plus vives par la connaissance insuffisante des effets induits sur le milieu marin ».

Certes, la municipalité entend défendre son dessein portuaire. Elle précise d’ailleurs son projet exemplaire, validé dans ce sens par le secrétariat d’Etat chargé des Transports en juin 2010, par l’Agence des aires marines protégées ou par le Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel de Corse (CSRPN). Au demeurant, depuis que les communes ont la compétence (1983) pour créer, aménager et exploiter les ports maritimes affectés principalement à la plaisance, cette même municipalité entend inscrire son plan portuaire dans une logique de « développement durable ».

Il n’en demeure pas moins que l’analyse des réalités économiques de la commune infirme cette logique, le schéma d’un tout-tourisme débridé s’imposant comme pivot de l’accroissement économique. Un choix d’orientation qui à terme ne peut que bénéficier à une population richissime venue d’ailleurs et au détriment d’une grande majorité de portovecchiais. Ce choix se superposant à l’ancien PADDUC qui consacrait la stratégie d’une économie résidentielle au préjudice de la communauté corse.

Si le rassemblement appelé par « Portivechju Altrimenti » met en exergue cette situation où « l’exécutif municipal, empêtré dans un projet inadapté sur bien des plans, tente désormais d’imposer fermement ses vues, à cinq mois seulement d’une consultation démocratique majeure… et pour quarante années ! » (Blog de Jean Christophe Angelini), si la consultation démocratique - comme la voie référendaire – est nouvellement avancée par le Parti Communiste Français – Front de Gauche en ces termes : « les principaux projets doivent avant toute décision, être soumis à la population, y compris pour les plus importants par voie de référendum » (Corse Matin du mercredi 16 octobre 2013), l’alternative au système établi ne pourra s’édifier que si toutes les forces patriotiques et progressistes de la commune déterminent ensemble une véritable stratégie de prise de pouvoir.

C’est dans cette logique que nous pourrons enfin insérer le port de plaisance de nautisme et de pêche dans un canevas de développement durable avec pour principal acteur et bénéficiaire la communauté portovecchiaise.

Ulivieru SAULI

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